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portrait priscillia arguimbau

​Priscillia ARGUIMBAU épouse Boatto, étend son étude sur le sport dans l'art. Sa pratique sportive de haut niveau nourrit sans cesse ses recherches. Dans sa peinture, elle s’emploie à détourner les objets du sport par l'exploration anatomique.

S'appuyant sur une recherche biologique minutieuse, elle propose une possible extension du corps par l'objet et donne ainsi naissance à un design chimérique.

Cette étude semblerait inspirée du Bio-Art mais est en réalité davantage une critique de ce mouvement. En effet, l'artiste ne souhaite pas expérimenter à partir du réel comme pourrait le faire Eduardo Kac, mais elle préfère questionner la nature de l'humain et de ses performances.


Corps et art sont imbriqués, mais comment l'obsession du sport peut-elle se transformer en outil, en acte de création ?

L'artiste a choisi de proposer une série de trois toiles afin de pouvoir représenter plusieurs sports qui lui étaient chers, mais qui sont également capables de toucher tout spectateur.
Le sport est effectivement un divertissement social, universel, qui touche le domaine de pensées collectives et qui est empreint de stéréotypes et de symboles. Il se fond dans notre société et comme le dit si bien Jean Marc Huitorel (1), le sport serait le nouvel opium du peuple, il est un spectacle médiatique et fait partie du réel.

Ses accessoires sportifs hybrides sont une critique de la science et plus précisément de la manipulation génétique. Ils soulèvent des questions concernant la notion de performance sportive : jusqu'où sommes-nous prêts à repousser les limites du corps ?

La démarche créative consiste à conserver les caractéristiques de l'objet tout en s'inspirant des représentations du XVIIIe siècle par J.F Gautier d'Agoty pour finalement aboutir à une étude anatomique inédite et contemporaine.

Les corps hybrides ainsi obtenus se révèlent sublimés par le truchement de la peinture anatomique documentaire et visent à perturber l'ordinaire, voire à choquer le spectateur.

Au final, ces objets se dévoilent dans une approche chimérique ; leurs rouages sont liées à différentes sections inventées, ils révèlent leurs muscles, leurs tissus, leurs os ainsi que leurs organes qui peuvent être transplantés à l'homme. Étant dépendants, il serait impossible à ces objets de « fonctionner » sans être greffés à leurs porteurs. L'objet est monstrueux sans son enveloppe épidermique, mais composerait avec l'athlète ce qui pourrait être un corps touchant à la perfection sportive.

De plus, cette production s'avère être pour l'artiste, un moyen d'exprimer son obsession du sport. Elle développe à travers ces « objets monstrueux et parfaits », son vécu, ses angoisses, mais également des valeurs positives qui lui ont permis de se construire une personnalité de battante.

Ces travaux lui servent d'exutoire. De fait, elle rejette en eux ses blessures qui témoignent d'une enfance peu ordinaire. Elle tente de remodeler son passé pour exorciser les douleurs de son enfance, car comme le dit Louise Bourgeois dans son œuvre « Art is a guaranty of sanity ».

Le sport est exigeant et demande une implication totale pour atteindre la perfection. Le traumatisme de l'artiste réside dans cette exigence, c'est pourquoi elle souhaitait dans cette série proposer une hypothèse qui puisse résoudre le problème de la perfection sportive, aussi surnaturelle soit-elle.

« L'art est un sport de combat »(²)



Priscillia Arguimbau (épouse Boatto), artiste peintre et professeur d'arts plastiques.

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1 Jean-Marc Huitorel, « La Beauté du Geste, L'art contemporain et le sport », Éditions du Regard, 2005. p.15 à 18.
2 Citation du curateur Jean Marc Huitorel détournée d'une formule de Bourdieu et titre de son exposition aux Beaux-Arts de Calais.

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